Toute une histoire
J'ai maintenant fini ma karensperiode à l'école, où j'ai appris plein de choses parallèles au monde de l'infographie, comme par exemple : l'imprimerie, le PHP, et la fabrication de livres.
C'est de ca dont je vais vous parler aujourd'hui. Car maintenant, votre Lulu internationale SAIT fabriquer des livres (et ca, personne n'en parle).
J'ai en effet appris à fabriquer un livre (l'objet, pas le contenu) du début à la fin.
Je n'ai pas de photos du processus puisque je l'ai fait en cours où il aurait probablement été mal vu que je photographie tout au lieu de bosser. Mais vendredi dernier, alors que nos cours portaient à leur fin, j'ai ramené chez moi un des 5 livres que j'ai fabriqué, dans l'intention de la finir chez moi puisque je n'ai pas la possibilité de retourner dans l'atelier de faisage de livre de l'école à l'avenir.
Certes, je n'ai pas chez moi à disposition tous le matériel nécessaire, mais je vais faire de mon mieux, et vous démontrer ô combien c'est cool de se fabriquer un livre.
Tout d'abord, voici ce que j'ai ramené à la maison vendredi:
Un livre, composé de feuillets pliés en 4, emboîtés 2 à 2 (donc de feuillets de 8 pages au final).
Ceci pour réduire le nombre de feuillets que l'aiguille de reliure devra traverser au moment de la reliure.
Collées sur le premier et le dernier feuillet, une feuille de papier cartonné coloré pliée en 2.
Ainsi, on a au final 2 pages de feuille cartonnée au début et à la fin du livre. La première sera encollée sur la couverture du livre, et la seconde restera libre.
Et voici donc la reliure en question : pour relier, on se sert d'une espèce de grosse machine à coudre, dans laquelle on introduit les feuillets de 8 pages un par un.
La machine applique aussi une bande de gaze par dessus laquelle les coutures sont faites, ca permet de bien rassembler les feuillets entre eux. Après couture, on met une bonne couche de colle sur le dos, pour solidifier le tout. Il y a aussi des fils lâches, que l'on encolle bien sur le dos gazé.
Dans mon livre, il y a 12 feuillets de 8 pages, soit 96 pages au final (+ les 2 pages cartonnées du début et de la fin)
Puis, on s'attaque à la couverture.
Après moultes tergiversations et calculs élaborés (14,7 + 1,5 ca fait combien?), on encolle 2 plaques de carton fort, et un "løs ryg" ("dos lâche" en francais) en carton assez fin sur une pièce de matériau à couverture de notre choix.
Pour s'aider, on s'est fabriqué un "T-mål" soit une "mesure T" qui permet de placer les 2 plaques et le dos à bonne distance les uns des autres.
J'ai choisi de faire un livre recouvert de peau de mamouth synthétique bleu ciel. Voici la bête.
Ceci est ma première couverture, soyez donc indulgents vis à vis des coins trop moches.
Après avoir bien tout encollé, avec les bonnes marges et tout et tout, on passe notre couverture sur une machine chauffante avec un fer arrondi, qui permet d'arrondir le dos de notre couverture. Ceci simplement pour une question d'esthétique !
Comme on nous l'a suffisemment répêté à l'école, le papier est une matière vivante ! Il est donc recommandé de travailler dans des ateliers à température et humidité constante.
Or j'ai ramené ma couverture et l'ai laissée sur une table dans la nuit d'hier à aujourd'hui, et voici donc ce qui arrive quand on fait fi de ce que nous disent nos professeurs : le papier et le carton gondolent, dû à leur assèchement (assèchissement?) dans un appart chaud et sec.
Mais trêve de bavardages ! Il nous faut maintenant travailler à finir ce bouquin.
On va déjà décorer le dos de notre livre, avec un petit ruban de notre choix
Remarquez que le ruban a un bord plus épais, c'est celui là qui dépassera légèrement après être encollé sur le dos, pour qu'il soit visible quand on regarde le livre d'en haut (encore une fois, nulle autre fonction que de décorer !)
Nous y voici donc : prenez votre couverture, votre livre, vos rubans...
....puis un bol de colle PVA liquide (diluée avec un peu d'eau)...
...puis un bol de chips...
...et commencez votre travail sous le regard bienveillant de votre Larsounet (qui s'enfile un cidre : connaissez vous le Sommersby Poire ? Trop bon)
On va aussi protéger la table, tiens, on sait jamais.
Déjà, on va encoller le ruban sur le dos du livre, avec un doigt plein de colle et une main pleine de doigts.
En théorie, si on est pas une ouf' dans sa tête comme je le suis, on choisi une couleur de ruban pour le haut ET le bas. Mais moi je lui ai mis du rouge en haut et du vert en bas (ou l'inverse)
Il faudra couper le bout qui dépasse après, quand tout sera sec.
Mais en attendant que ca sèche, on a le temps de s'amuser avec les chips.
Un morse s'est caché dans cette image, saurez vous le retrouver ?
Je peux aussi profiter de cette pause pour vous montrer ce que j'ai oublié de vous montrer plus haut, dans le processus du faisage du livre.
Après avoir plié, cousu, collé...et que tout a bien séché, on prend le livre, on le bloque sous presse et avec un marteau on tape sur le dos (qui souvenez vous a été gasé, filé et encollé) pour le réduire et faire en sorte que le livre ait la même hauteur partout (si vous voyez ce que je veux dire).
En effet, le papier s'est dilaté avec l'humidité de la colle, et le fil et la gase ont rajouté de la matière qui font que le dos du livre est plus épais que le bord externe.
Puis, on coupe le livre aux bonnes dimensions dans une énorme machine électronique à grosse lame. Ceci libère les pages (rappelez vous, le livre est composé originellement de feuillets pliés en 4), et permet d'obtenir un beau livre.
La dernière étape avant de l'intégrer dans sa couverture est de le rondifier : c'est à dire créer une jolie courbe sur le dos du livre, et un joli creux sur les pages du livre. Ceci est fait sur machine. Voyez les photos suivantes si vous comprenez pas ce que je raconte.
Enfin, avec notre colle liquide, on encolle l'intérieur de notre couverture.
On n'encolle pas le dos, car il doit rester libre de bouger un peu quand on feuilletera le livre, ou en écartera les pages.
On pose notre livre sur le dos de la couverture, en faisant attention qu'il ait autant de marge en haut qu'en bas, et sur le côté.
On ferme la couverture avec précautions sur le devant du livre, et on presse bien.
À partir de ce moment, il est formellement interdit de rouvrir son livre ! Même si on se rend compte qu'on a oublié de couper les bouts de rubans qui dépassent (qu'elle est bête cette Lulu)
Et il ne reste plus qu'à mettre son livre sous presse pendant 12h minimum. J'ai mis le mien sous un gros livre (pour sa surface plane et rigide) lui même sous notre collection de vinyles (pour le poids).
Ne reste plus qu'à attendre !
Mon livre sous presse...vous le voyez?
Voilà les amis ! À dans 12 h pour voir le produit fini !
***Lulu***